L’
ordre cistercien (Ordo cisterciensis, o.cist.), également connu sous le nom d’
ordre de Cîteaux ou encore de
saint ordre de Cîteaux (s.o.c.) est un ordre monastique
chrétien réformé, fondé en
1098 à l'
Abbaye de Cîteaux par
Robert de Molesme ( mort en 1110) pour suivre la règle de saint Benoît. Fondation de premier plan dans l'histoire religieuse du
XIIe siècle, restauration bénédictine inspirée par l'idéal de vie apostolique de la réforme grégorienne, son organisation et son autorité devait gagner tout l'Occident. Son influence se fit particulièrement forte à l'est de l'Elbe, où l'Ordre fit « progresser à la fois le christianisme, la civilisation et la mise en culture ».
Le plus célèbre des cisterciens, saint Bernard, (1090, Fontaine-lès-Dijon - 20 août 1153 à Clairvaux) à qui l'ordre doit son considérable développement de la première moitié du XIIe siècle peut être considéré comme son maître spirituel.
La robe est blanche avec un scapulaire noir. Du fait, les membres de l'Ordre sont parfois nommés « bénédictins blancs » ou Bernardins, du nom de saint Bernard. Le symbole de l'ordre est la feuille d'eau (cîteaux). Des couvents de moniales cisterciennes ont été établis ; l'un des plus célèbres est celui de Port-Royal-des-Champs.
L'Ordre cistercien comprend aujourd'hui 1500 moines et 1000 moniales, répartis respectivement dans 92 et 64 monastères. L'Ordre cistercien de la stricte observance (o.c.s.o., aussi appelé Trappiste) comprend 2600 moines et 1883 moniales, répartis respectivement dans quatre-vingt-seize et soixante-six monastères dans le monde entier.
Les premiers temps d'un monastère réformé
Rénovation bénédictine qui devait marquer par son héroïsme l'entier
XIIe siècle, Cîteaux a développer sa propre mythologies des origines. C'est sous l'abbatiat de Bernard, père spirituel de l'ordre, que les Cisterciens devaient sortir de l'ombre et que l'Ordre devaient connaître son véritable rayonnement et son expansion. A sa mort, l'ordre compte 350 maisons et « son prestige l'emporte sur ceux des autres Ordres religieux ».
L'héritage monastique dans un monde en mutation
L'éclair cistercien fut suscité certes par l'action des ses premiers abbés, mais il est de même inscrit dans le grand élan , le « grand bond en avant » du
XIIe siècle. Si l'histoire de l'ordre est spirituelle est s'inscrit dans une modification profonde des structures sociales, culturelles et économiques de la petite Europe. Ainsi, à la mort de Bernard de Clairvaux, l'Ordre apparaît comme une véritable puissance économique.
Le monachisme occidental dans un monde en mouvement
En Occident, à la charnière des
XIe et
XIIe siècles, nombreux sont les fidèles à chercher de « nouvelles voies de la perfection ».
Pèlerinages et
Croisades ne nourrissent pas spirituellement tous les croyants. La voie monastique clunisienne voit s'élever contre elle des critiques de plus en plus nombreuses. La modération souhaitée par
Benoît de Nursie semble s'éroder au contact de la magnificence de bâtiments de l'ordre et l'activité liturgique clunisienne ne semble plus permettre la réalisation des voeux de pureté, de pauvreté et de charité. Au-delà, l'exclusivité des activités intellectuelles du
Scriptorium, de l'exercice du
Plain-chant et de l'office divin ont coupé les moines d'une des trois exigences de la règle bénédictine, le travail manuel. À Cluny, l'agriculture est devenue une activité extérieure. Certes, l'ordre a essaimé ses monastères dans toute l'Europe mais la proximité de ses abbés avec le pouvoir temporel n'est pas du goût de tous. Il ne faudrait cependant pas voir dans la « fiévreuse activité de réforme » du temps une critique ouverte à l'encontre de Cluny, mais plutôt, une volonté d'exprimer l'héroïsme du temps dans une voie bénédictine plus sévère, par un retour à la rigueur des Pères du Désert.
Article détaillé : .Les Pères du désert et l'empreinte bénédictine
La
fuite du monde, de ses images et de ses troubles, est un thème qui suscite durant tout le Moyen Âge un attrait puissant pour les fidèles. L'érémitisme, et plus particulièrement le
Cénobitisme de Pacôme, apparaît comme la forme la plus parfaite de l'idéal chrétien. Dans la solitude des monastères, pour Pacôme comme pour
Benoît de Nursie, la communauté doit trouver stabilité et renoncement au monde pour suivre les pas du Christ. Rédigée entre
530 et 540, éprouvée par
Benoît d'Aniane puis, dès
910, par les Clunisiens, la Règle de saint Benoît avait manifesté de sa grande humanité et de son extraordinaire efficacité. Conjuguant ascétisme, rigueur liturgique et rejetant l'oisiveté par le travail manuel, la
Regula Sancti Benedicti s'offre toujours à la fin du
XIe siècle comme une formidable source d'inspiration pour les mouvements en quête de perfection tels les ordres des
Prémontrés, de
Grandmont, de la
Chartreuse derrière
Bruno de Cologne. C'est dans ce double mouvement que la fondation cistercienne voit le jour, entre nécessité de réforme et aspiration évangélique qui marque de la même manière l'expérience de
Robert d'Arbrissel et l'éclosion des chapitres de chanoines réguliers.
Aux origines de l'Ordre, le Cîteaux primitif
Le cheminement de Robert de Molesme
L'aventure cistercienne est liée dans ses origines à la fondation par
saint Robert de l'abbaye Notre-Dame de Molesme en
1075. Robert, abbé à la réputation d'instabilité, épris d'austérité et de solitude, cherche a mener une vie plus conforme à l'idéal bénédictin. Après avoir dirigé de nombreuses abbayes, il rejoint un certain Aubri ou
Alberic qui mène une vie érémitique avec un groupe de moines dans la forêt de Collan, près de
Tonnerre. Inspiré par l'oeuvre de Pacôme, Robert installe la nouvelle communauté à Molesme en 1075, dans une vie proche de l'esprit des
Camaldules. La nouvelle abbaye connaît un succès retentissant et draine nombres de visiteurs et donateurs, religieux et laïcs. « Une quinzaine d'années après sa fondation, Molesme ressemble à n'importe quelle abbaye bénédictine prospère de son époque ». Mais les exigences de Robert et d'Alberic sont mal acceptées. Des divisions surviennent au sein de la communauté et Robert quitte l'abbaye avec quelques compagnons de
1090 à
1093. Il est cependant contraint et par le pape et par le nouveau abbé d'y revenir. Dans l'impossibilité d'arriver à un compromis, Robert se rend en
1097, accompagné d'une délégation, auprès d'
Hugues de Die, archevêque de Lyon et métropolitain de Langres pour lui proposer l'établissement d'une nouvelle fondation. Ils obtiennent la bénédiction de l'archevêque, ancien moine gagné aux exigences de la réforme, qui les autorise à vivre le plus fidèlement et le parfaitement selon la règle bénédictine. Ainsi que dans les premiers mois de l'année 1098, accompagné de vingt-et-un moines, il quitte Molesme pour s'installer dans la vallée de la
Saône, à vingt-deux kilomètres au sud de
Dijon, sur une terre concédée par Renard de Beaune. L'emplacement fut choisi loin des lieux habités,
désert conforme aux exigences de la vie monastique qu'il recherche.
Le « Nouveau Monastère »
La nouvelle fondation, désignée dans la documentation comme le « Nouveau Monastère » (
Novum monasterium), bénéficie du soutien de l'évêque de Dijon. La protection bienveillante de l'archevêque Hugues permet l'édification d'un monastère de bois et d'une humble église. Eudes de Bourgogne fait lui aussi montre de largesse et son vassal, Renard -ou Raynald - de Beaune cède les terres qui jouxtent le monastère à la communauté. Robert est prié par un légat du pape de regagner sa charge à Molesme à l'automne
1099 et, suivi par un certain nombre de fidèles, il quitte un monastère affaibli numériquement et moralement. L'opinion cistercienne devait flétrir les moines qui regagnèrent Molesme. L'abbatiat du nouveau monastère est confié à
Albéric, ancien prieur et compagnon zélé des premiers temps de l'épopée. Une église en pierre est édifiée sous ses ordres en
1106, à quelques kilomètres du site initial. Les années sont difficiles pour la petite communauté car « les frères de l'Église de Molesme et d'autres moines voisins ne cessent de les harceler et de les troubler car ils craignent de paraître eux-mêmes plus vils et plus méprisables aux yeux du monde si l'on voit les autres habiter au milieu d'eux comme des moines nouveaux et singuliers. » Quatre ans plus tard, la communauté reçoit, en la bulle
Desiderium quod, une protection du Saint-Siège (
Privilegium Romanum). C'est sous ce même abbatiat, que les moines troquèrent la robe noire pour l'habit de laine crue. À sa mort, le
26 janvier 1109, l'anglais
Étienne Harding qui avait rejoint la communauté à Molesmes, prit sa succession et ce jusqu'en 1134.
Article détaillé : .L'abbatiat d'Étienne Harding
Étienne, noble anglo-saxon à la solide formation intellectuelle, entretient d'excellents rapports avec les seigneurs locaux. Administrateur expérimenté, pour assurer l'organisation interne de la communauté et promouvoir son développement, il rédige des statuts originaux, connus sous le nom de « Charte de la charité » (
Charta caritatis) qui reçoivent l'approbation du pape
Calixte II en
1119. Quatre
abbayes-filles voient le jour, entre
1113 et
1115, date à laquelle on peut à proprement parler de la fondation d'un nouvel «
ordre ».
L'abbatiat de Bernard de Clairvaux
En
1113, alors qu'on entreprend la fondation de la première abbaye-fille, La Ferté-sur-Grosne, un jeune homme de noble famille,
Bernard de Fontaine, rejoint Cîteaux, en provenance de
Fontaine-lès-Dijon. Son entrée chez les frères blancs est un événement majeur pour l'histoire de l'Ordre qui devait connaître éclat et rayonnement sous son autorité. Ses origines familiales et sa formations, ses appuis et ses relations, sa personnalité même expliquent en grande partie le succès cistercien.
Instruit auprès des chanoines de Saint-Vorles (
Châtillon-sur-Seine), Bernard est une figure centrale de la vie intellectuelle du siècle nourri par la fréquentation des auteurs latins. Sa famille est connue pour sa piété ; sa mère lui transmet son inclination pour la solitude et la méditation. Il décide de ne pas embrasser le métier des armes et cherche à se retirer du monde. Il conserve cependant durant sa vie religieuse un sens aiguë du combat. « Devenu moine, Bernard reste un chevalier qui encourage ceux qui combattent pour Dieu ». Persuasif et charismatique, il décide nombre de ses parents à le suivre à Cîteaux, abbaye voisine des terres de sa famille. Les jeunes nobles, accueillis chaleureusement par Étienne Harding, goûtent aux travaux des champs et se confrontent aux privations du désert. L'exemple de Bernard est bientôt suivi par nombre de nobles bourguignons ; la place vient à manquer à Cîteaux. Étienne Harding prend le parti d'édifier une nouvelle abbaye à Clairvaux. Bernard, trois seulement après son entrée dans l'ordre, en prend la tête.
« Il se donna tout entier pendant dix ans à la communauté dont il était le père. Puis Clairvaux, bien établi, enraciné, devenu lui-même prolifique, éparpillant à son tour, à Trois-Fontaines, à Fontenay, à Foigny, de toutes parts sa descendance, Bernard cessa de parler seulement pour les religieux de son monastère » - Georges Duby, Saint Bernard et l'art cistercien,op. cit., p. 10.
. En
1119, l'Ordre prend le nom du site qui avait accueillie le « Nouveau Monastère », «
Cîteaux ».
Article détaillé : .L'organisation de l'Ordre
« Nous devons être unanimes, sans divisions entre nous : tous ensemble, un seul corps dans le Christ, en étant membres les uns des autres » — Saint Bernard, Sermon pour la Saint-Michel, I, 8. |
La règle bénédictine se présente comme une synthèse entre des exigences contraires : indépendance économique et activité liturgique, activité apostolique et refus du monde. Les premiers abbés de Cîteaux avaient trouvé cet équilibre dans la simplicité rustique, dans l'ascèse et le goût de la culture. Les
XIIe et
XIIIe siècle, marqués par les écrits des « quatre évangélistes de Cîteaux », devaient permettre d'approfondir et d'étayer ces principes d'organisation. Mais dès l'abbatiat d'Étienne Harding, une législation voit le jour sous la forme de
La Charte de charité et d'unanimité qui règle les rapports des abbayes-mères et de leurs filles.
L'« abbaye mère » et ses filiales
L’exemption de la juridiction épiscopale permit à l’Ordre de Cîteaux de mettre au point deux institutions qui fit sa force : le système de visites des abbés-pères et le Chapitre général annuel.
Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Chaque abbé devait se rendre chaque année à Cîteaux pour le
Chapitre Général autour de la fête de la Sainte Croix (
14 septembre) et à la suite desquels des statuts étaient promulgués. Cette procédure n’est pas entièrement originale puisqu’elle remonte aussi aux origines de l’
Ordre de Vallombreuse, mais l’inspiration vient évidemment de la convention entre Molesme avec Aulps signée en
1097, sous l’abbatiat de Robert. Depuis la fin du
XIIe siècle, le Chapitre était assisté par un comité de définiteurs nommés par l’abbé de Cîteaux,
le Définitoire. Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !La liturgie cistercienne
Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! La vie quotidienne dans l'abbaye
Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Les sites cisterciens
Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !Expansion et réforme
Cîteaux, avant-garde de l'Église
Avec le support de la papauté, des rois et des évêques, l'influence de saint Bernard dans l’expansion de l’Ordre fut décisive. À sa mort, trois cent cinquante monastères furent établis dont soixante-huit par Clairvaux. La véritable envolée se produisit entre
1129 et
1139 et un tel dynamisme suscita bien des problèmes : incorporation de monastères qui gardent un coutumier non conforme à l’esprit de la Charte de Charité, choix d’implantations difficiles, difficultés pour les abbayes-mères de pouvoir effectuer les visites annuelles, danger des prélèvements trop fréquents d’effectifs qui épuisent les abbayes-mères. Parmi ces nouvelles communautés, citons l'
Abbaye de Noirlac et celle de
Fontmorigny dont les bâtiments existent toujours dans le Cher. La ligne de Clairvaux compta jusqu’à 350 monastères, Morimond plus de 200, Cîteaux une centaine et seulement une quarantaine pour Pontigny et moins de vingt pour La Ferté.
Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !Cette expansion assure aux Cisterciens une place prépondérante non seulement au sein du monachisme européen mais aussi dans la vie culturelle, politique et économique. Ils prennent part aux grands événements de la vie de l'Église. Reconquête de la Terre Sainte : des Cisterciens prêchent la Troisième croisade (1188-1192) ; certains y participent personnellement. Évangélisation du Midi de la France et lutte contre les cathares, dont la doctrine est condamnée et combattue par l'Église ; les Cisterciens précèdent les Dominicains sur ces territoires ; ils y assurent la prédication et organisent la répression de l'hérésie. Missions de christianisation : les Cisterciens protégés par le bras séculier pénètrent en Prusse et dans les provinces baltiques. Défense des intérêts du Saint-Siège : la querelle entre le pape et l'empereur se prolonge; les Cisterciens soutiennent les visées théocratiques du pontife. Engagement dans la vie pastorale : de nombreux cisterciens deviennent évêques ou légats du pape, chargés des plus hautes affaires de l'Église.
Vie intellectuelle
Par suite de l'accroissement de l'Ordre, avec la fondation très rapide de centaines d'Abbayes et l'incorporation de plusieurs Congrégations (celles de Savigny et d'Obazine du vivant même de saint Bernard), l'uniformité des coutumes existant au commencement se diversifia lentement et insensiblement. En
1354, l’Ordre comptait 690 maisons d’hommes et s'étendait du
Portugal à la
Suède, de l'
Irlande à l'
Estonie et de l'
Écosse jusqu'en
Sicile. La transformation de la vie sociale, intellectuelle et politique eut aussi son influence sur l'évolution de l'Ordre, et à partir du
XVe siècle, furent créées des Congrégations capables d'adapter aux réalités locales l'idéal commun insufflé par le chapitre général annuel. L'abbé de Cîteaux est reconnu comme chef de l'Ordre et reçoit le titre d'abbé général. Il y eut aussi des
moniales de Cîteaux ; elles furent instituées en
1128, à l'abbaye de Tart, dans le diocèse de
Langres, et prirent le nom de Bernardines ou Clairettes. Les monastères du faubourg Saint-Antoine à
Paris et de Port-Royal sont les plus célèbres de ceux qu'elles occupèrent.
Un ordre confrontés aux critiques
À l'origine, la commende
Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !Les deux parties finirent par pouvoir disposer de structures administratives propres, mais si l'Étroite Observance avait le droit d'envoyer dix abbés au Définitoire, elle restait soumise à Cîteaux et au Chapitre Général.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, des critiques virulentes sont énoncées à l'encontre du monachisme. En France, l'Ordre est profondément ébranlé en cette fin de siècle où les vocations se font rares et où l'engouement pour un monachisme austère a fait place à l'adoption d'une vie monastique beaucoup moins exigeante et donc plus exposée aux critiques, même si on détecte encore des foyers de ferveur et de fidélité aux origines et mêmes des initiatives. Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !
Après la Révolution
Après la défaite de
Napoléon en
1815, les abbayes rescapées des guerres et des expulsions commencèrent à recréer des liens, à restaurer les Congrégations. La destruction de l'abbaye de Cîteaux a privé l'Ordre de son chef naturel, et le renforcement des nationalismes en Europe ne facilite pas la recherche d'une solution commune. Une première réunion d'abbés cisterciens se tient à Rome en
1869. En
1891, un abbé général est élu : Dom Wackarz, abbé de Vyssi Brod (empire austro-hongrois). Il portera le titre de président général de l'Ordre cistercien.
Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !En France, les trappistes se réunissent en 1892 sous l'appellation « Cisterciens réformés de Notre-Dame de la Trappe ». À partir de 1898, les chapitres généraux se tiennent à Cîteaux, récemment récupéré. L'abbé général est installé à Rome. En 1902, les trappistes deviennent l'ordre des Cisterciens réformés ou de la stricte observance.
Au cours du XIXe siècle, les trappistes fondèrent au Canada, aux États-Unis, en Australie, en Syrie, en Jordanie, en Afrique du Sud et en Chine.
L'Ordre cistercien (O. Cist.) s'est implanté pour sa part au Brésil, aux États-Unis, en Éthiopie ainsi qu'au Vietnam.
Aux côtés des Cisterciennes officiellement incorporées à l'une ou l'autre des deux branches, nombreuses sont les communautés de femmes, vivant dans une mouvance spirituelle cistercienne, qui se regroupent en ordre ou congrégation : bernardines d'Esquermes, bernardines d'Oudenaarde, bernardines de Suisse romande. Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !
Évolutions techniques
Du
XIe au
XIIIe siècle une véritable révolution industrielle s'opère dans l'Occident médiéval. Elle est portée par la monétarisation croissante de l'économie depuis l'introduction du
Denier d'argent par les carolingiens au
VIIIe siècle. Plus adapté que la monnaie d'or, héritée de l'Antiquité, qui ne convient que pour des transactions très onéreuses, le denier d'argent permet l'introduction de millions de producteurs et de consommateurs dans le circuit commercial. Les paysans commencent à pouvoir revendre leur surplus et deviennent donc intéressés à produire au-delà de ce qui est nécessaire à leur subsistance et aux droits seigneuriaux. Il devient plus rentable pour les propriétaires, ecclésiastiques ou laïcs, de prélever une redevance à des paysans auxquels ils ont confié des terres que de faire cultiver leurs terre par des esclaves (qui disparait en Occident). Pour augmenter encore cette productivité ils fournissent des
charrues, investissent dans des équipements améliorant la
Productivité : moulins à eau en remplacement des
meules à bras, pressoirs à huile ou à vin (en remplacement du foulage), etc. Ce phénomène est attesté par la multiplication des moulins, des routes, des marchés et des ateliers de frappe de monnaie dans tout l’Occident dès le
IXe siècle. Les abbayes sont souvent le fer de lance de cette révolution économique, mais pour les
Clunisiens, le travail manuel est avilissant et ils se consacrent le plus possible à des activité spirituelles. Dans l'esprit des Cisterciens, qui refusent de devenir des rentiers du sol, le travail manuel est au contraire valorisé. Plutôt que confier leur domaine foncier à des tenanciers, ils participent eux même au travail de la terre. Bien entendu, leurs obligations liturgiques occupent une grande partie de leur temps, mais ils sont suppléés par les frères
convers qui sont plus spécifiquement chargés des tâches matérielles (en 1200 une abbaye comme Pontigny compte 200 moines et 500 convers). Dès lors qu'ils sont eux-mêmes impliqués dans le travail manuel et qu'ils ont pour idéal de rendre la terre la plus féconde possible les cisterciens vont s'ingénier à améliorer les techniques le plus possible. Les progrès se transmettent entre abbayes par le biais de manuscrits ou par le déplacement de moines. Les frères convers, qui vivent en dehors de l'abbaye, participent eux à la diffusion des améliorations techniques aux populations locales: Les cisterciens sont des vecteurs de première importance dans la révolution industrielle du Moyen-Age.
Progrès agricoles
Optimisation des ressources agricoles
Les cisterciens n'occupent qu'une part modérée dans les défrichages qui marquent la croissance économique et démographique médiévale. Ils s'attachent plus à valoriser des terres à l'écart des grandes agglomérations naissante, pour répondre à leur idéal de
s'installer au désert. Il s'agit souvent d'un capital foncier ancien tombé en déshérence. Ils n'hésitent pas à racheter des villages préexistants quitte à en chasser les occupants pour les réorganiser différemment suivant leurs propres règles d'exploitation. Ils ont en général, plutôt exploité au mieux les ressources locales en valorisant les forêts plutôt que de les détruire. Cependant ils existe certaines abbayes ou les moines ont participé au grand élan de défrichage médiéval : En Autriche et en Allemagne ils font reculer le front forestier vers l'est, sur la cote flamande l'abbaye des dunes parvient à conquérir 10000 Hectares sur l'eau et le sable, en région parisienne transformé des marécages en terres pacables ou sur la cote atlantique en marais salant. Mais défricher n'est pas leur objectif premier, il est un moyen parmi d'autre de s'établir là ou il y a encore de la place pour y mener une politique d'autarcie économique. Ils sont ainsi pionniers dans l'élaboration au
XIIIe siècle de règlements d'exploitation forestière. En effet, la forêt permet de s'approvisionner en bois de chauffage et de construction, en fruits et racines de toutes sortes. Les cisterciens débroussaillent et rationalisent la coupe et la pousse des espèces : par exemple les chênes produisent des glands et permettent d'y faire paître les cochons...
La grange cistercienne
Les cisterciens n'inventent pas la
rotation biennale , l'
Assolement triennal ou l'outillage agricole, mais savent en observant les pratiques paysannes créer de véritables fermes modèles : les
granges cisterciennes. Il s'agit de domaines ruraux cohérents avec bâtiment d'exploitations et d'habitations regroupant des équipes de convers spécialisés dans une tache et dépendants d'une abbaye mère. Les granges ne doivent pas être situées à plus d'une journée de marche de l'abbaye, et la distance qui les sépare les unes des autres est d'au moins deux lieues (une dizaine de kilomètres). Les granges cisterciennes optimisent les capacités de production agricole en introduisant une spécialisation de la main-d'oeuvre. Chaque grange est exploitée par cinq à vingt frères convers (ce qui est un nombre idéal du point de vue de la
gestion car au-delà d'une trentaine de personne le simple sentiment de faire partie d'un groupe ne suffit plus à motiver toute la main d'oeuvre à la tache), au besoin aidés de ouvriers agricoles salariés et saisonniers. La production des granges sont très largement supérieures au besoin des abbayes qui revendent alors leurs surplus. Ces granges, parfois très importantes (des centaines d'hectares de terres, prés, bois), rassemblent près d'un million d'hectares. Ce système d'exploitation connaît aussitôt un succès énorme. Un siècle après la fondation de Cîteaux, l'ordre compte plus de mille abbayes, plus de six mille granges réparties dans toute l'Europe et jusqu'en Palestine.
Viticulture
Les cisterciens, comme toutes les propriétaires fonciers de l'époque, attachent une grande importance au vin qui est plus salubre que l'eau. Leurs techniques n'ont pas de particularité, mais leurs dons commerciaux leurs permettent d'exporter leur vin jusqu'en Scandinavie ou en Frise. Leur importance dans la création des grands crus bourguignons n'est pas plus grande que celle des autres producteurs. On sait par exemple que les moines de Citeaux furent propriétaires de vignes à Meursault après donation par Eudes Ier de Bourgogne en 1098 à leur abbé
Robert de Molesme. mais les critères recherchés étaient à l'époque très différents des standards actuels en oenologie et on ne sait pas s'ils produisaient du blanc du rouge ou du clairet.
Sélection des espèces
L'élevage est une source de produits alimentaires (viandes, laitages fromages), mais aussi de fumure et de matières premières pour l'industrie du vêtement (laine, cuir) et des produits manufacturés (parchemins, corne). Mais aussi,au moyen-age la
traction animale est une source d'énergie primordiale autant pour le transport que pour les travaux agricoles. Ainsi
Bernard de Clairvaux missionne-t-il des moines de son abbaye en Italie pour en ramener des Buffles mâles pour pratiquer des croisements. La même pratique est réalisée pour la sélection de chevaux qui plus légers permettent de travailler des sols bruns ou le boeuf s'embourbe. Les cisterciens permettent ainsi avant tout le monde de mettre en culture des terres considérées jusqu'alors comme inexploitables. Cet effort d'importation, de sélection et de reproduction porte avant à répondre à la demande de trait car les cisterciens voués à un idéal de pauvreté ne consomment que peu de viande.
De la même manière les cisterciens ont une grande responsabilité dans la réputation de la laine anglaise qui est la matière première la plus importante de l'industrie médiévale. Elle est indispensable aux drapiers Flamands et aux commerçants italiens dont l'une des activité principale est la coloration des draps (en 1273 les éleveurs anglais tondent 8 millions de bêtes, soit 3500 tonnes de laine exportées!). La taxe sur la laine est la première ressource fiscale pour le roi d'Angleterre! Les acheteurs Italiens et Flamands cherchent à signer des contrats avec des moines cisterciens spécialisé dans l'élevage ovin, car leurs animaux soigneusement sélectionnés offrent tous les gages de qualité et l'organisation extrêmement centralisée des monastères cisterciens leur permet de n'avoir qu'un interlocuteur même pour des volumes de transactions extrêmement importants (l'abbaye de Fountains dans le compté d'York élèvent jusqu'à 18000 têtes, Rievaulx 14000, Jervaulx 12000...).
Progrès technologiques
Industrie
Le moulin hydraulique se diffuse pendant toute la période médiévale (il est une source de rentrées financières importantes pour la noblesse et les
monastères qui investissent donc massivement dans ce type d'équipements). L'utilisation de l'énergie hydraulique plutôt qu'animale ou humaine permet une productivité sans comparaison avec celle disponible dans l’Antiquité : chaque meule d'un moulin à eau peut moudre 150 kg de blé à l'heure ce qui correspond au travail de 40 esclaves. Les monastères sont dès l'époque carolingienne en pointe dans ce domaine car la règle bénédictine veut qu'il y ai un moulin dans chaque abbaye. Au
XIIe siècle les ingénieurs médiévaux mettent aussi au point des moulins à vent à pivot vertical (qui permet de suivre les changements de direction du vent) ou à marée qui sont inconnus dans l’Antiquité ou dans le monde arabe. Avec la mise au point de l'arbre à came au X
e siècle, cette énergie peut être utilisée pour de multiples usages industriels. Ainsi apparaissent des
moulins à foulons qui sont utilisés pour écraser le chanvre, moudre de la moutarde, aiguiser les lames, fouler du lin, du coton ou des draps (dans cette opération importante dans la fabrication des étoffes le moulin remplace 40 ouvriers foulons)... Des scie hydrauliques sont attestées au XIII
e siècle.
De ces innovations technologiques, qu'ils utilisent avec une grande acuité (il furent parmi les premiers à utiliser les foulons hydrauliques), seul le marteau hydraulique peut véritablement être imputé aux moines cisterciens qui en généralisent l'emploi dans toute L'Europe. Les cisterciens ont en effet besoin d'outillage agricole, mais aussi de terrassement, de construction, de clous pour les charpentes, de ferrures pour leur vitraux ou de serrures et quand les techniques architecturales évoluent d'armatures en fer pour leurs bâtiments. Ils modifient les techniques traditionnelles en mécanisant certaines étapes du travail du fer. Dès le XIIe des forges actionnées à l'énergie hydraulique démultiplient la capacité de production des forgerons: l'utilisation de marteaux pilons permet de travailler des pièces plus imposantes (les marteaux de l'époque pouvaient peser 300kg et frapper 120 coups à la minute) et plus rapidement (des marteaux de 80 kg frappant 200 coups à la minute) et l'insufflation d'air sous pression permet d'obtenir des aciers de meilleure qualité (en élevant la température à plus de 1200° à l'intérieur des fours). Dès 1168 les moines de Clairveaux vendent du fer. Cette industrie sidérurgie est très gourmande en bois : pour obtenir 50kg de fer, il faut 200kg de minerai et 25 stères(m3) de bois: en 40 jours une seule charbonnière déboise une forêt sur un rayon de 1km!
Génie hydraulique
La règle bénédictine veut que chaque monastère doit disposer d'eau et d'un moulin. L'eau permet de boire, se laver et d'évacuer ses déchets. C'est pourquoi les monastères sont en général placés le long d'un cours d'eau. Mais les clunisiens s'établissent en des points reculés et doivent amener le précieux liquide: Ils se spécialisent dans le génie hydraulique, construisant barrages et chenaux. Dès 1108, la croissance de la population monastique de Citeaux oblige les frères à déplacer l'abbaye de 2 km pour s'établir sur les bords de la Vouge. En 1206, il faut encore augmenter le débit hydraulique et un bief de 4km est creusé. Mais les capacité de la vouge qui n'est qu'un petit cours d'eau sont vite dépassées, les moines s'attaquent à un chantier encore plus important: détourner la Cent-Font, qui assurerait un débit minimal de 320 litres par seconde. Après avoir négocié le passage au duc de Bourgogne et au chapitre de Langres. Le chantier est énorme car en plus du canal de 10 km à creuser , il faut réaliser un Aqueduc. Mais le résultat est à la hauteur des efforts engagés: augmente considérablement le potentiel énergétique de l'abbaye: au moins un moulin et une forge sont installés sur le nouveau bief. Les monastères ainsi irrigués ont souvent l'eau courante, amenée si besoin par des canaux souterrains, voir sous pression. Les moines utilisent pour cela des canalisation en plomb, en terre cuite ou en bois. Par endroit, le débit peut être coupé par un robinet en bronze ou en étain. Certaines abbayes comme Fontenay sont équipées du tout-à-l'égout. Beaucoup d'abbayes se trouvant au fond de vallées, il faut évacuer efficacement les eaux de pluie: un collecteur, nettoyé en permanence par l'eau d'une digue barrant la vallée, passe sous la cuisine et les latrines, reçoit toutes les eaux usées provenant de de canalisations secondaires issues des différents bâtiments. À Cleeve ou Tintern les égouts très larges contiennent des vannes qui permet de lâcher un grand volume d'un coup et de les purger à la manière d'une chasse d'eau. À partir de la fin du XIIe siècle on atteint les défrichages atteignent un point culminant et le bois se raréfiant se renchéris, une plus grande attention est porté à l'exploitation forestière dont le rôle nourricier reste indispensable. Les terres sont alors gagnées sur l'eau. En particulier en Flandre, où on atteint une limite en densité de population, les abbayes cisterciennes réalisent des travaux d'endiguement dans le prolongement de leurs travaux commencés dès le XIe siècle. Aux XIIe et XIIIe siècles, la poldérisation à grande échelle du Marais poitevin est réalisée par des associations d'abbayes avec la mise sur pied de plans cohérents de drainage.
Salines
Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !Dérives
Une active politique d'acquisitions foncières, aidée par la popularité du mouvement à ses début (qui recueille un grand nombre de legs et donations) rend rapidement l'ordre propriétaire d'un sol mis en valeur par quelque 200 granges et celliers. Mais la grande efficacité des granges cisterciennes produit des surplus commercialisables. L' économie autarcique des débuts devient commerciale. La montée de nouvelles activités, transformation des produits agricoles, travail du fer, mainmise sur le sel comtois, est prouvée par les exemptions de péages savamment obtenues et les relais urbains mis partout en place. La transformation des cisterciens en décimateurs ordinaires est acquise avant les années 1200. Dès lors ce qui fait la popularité de l'ordre à ses début disparait et il décline au profit des ordres mendiants.
Article détaillé : . Les abbayes cisterciens se distinguent par la simplicité et la sobriété de l'architecture et des ornements. En
1134, le chapitre général prescrit une série de mesure concernant l'art sacré, les lieux saint ne devant recevoir aucun décor sculpté ou orné. La couleur devait être réservée aux enluminures. Les abbayes cisterciennes sont une évolution de l'
Architecture romane vers le gothique (arc brisé), et se caractérisent par un grand dépouillement des lignes et de la décoration.
Notes
..
Bibliographie
Sources
Ouvrages de références
- Les Cisterciens de Languedoc (XIIIe-XIVe siècles), 410 p., avec le concours du CNRS, Cahiers de Fanjeaux n° 21, Ed. Privat, 1986.
- Jean-Baptiste Auberger, « Cîteaux, les origines », Dossiers d'Archéologie, n° 229, décembre 1997 - janvier 1998.[image]
- Jean Chélini, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Pluriel, Hachette, 1991. [image]
- Terry N. Kinder, L'Europe cistercienne, Zodiaque, 1999.[image]
- Louis J. Lekai, Les Moines blancs. Histoire de l'ordre cistercien, Paris, Le Seuil, 1957.[image]
- Jérôme Miceli, L'abbaye cistercienne de Sturzelbronn, Archives municipales de Sarreguemines, 1994.
Voir aussi
Liens internes
- Ordres religieux par ordre alphabétique
- Liste des congrégations catholiques
- Liste des ordres monastiques
- Ordre cistercien de la stricte observance (trappistes)
- Liste d'abbayes cisterciennes
- Liste d'abbayes cisterciennes de Belgique
Liens externes
Bibliographies